Histoires,

crées à la base des informations demeurantes dans les Archives ...

Grand-oncle Ján

Il a saisi une opportunité de travail et il est parti en France. Bien qu'il a prévu rentrer bientôt chez lui, il n'a jamais plus revu sa famille. Ils pensaient qu'il a trouvé la vie meilleure mais la réalité était bien plus difficile qu'ils arrivaient à imaginer. Des années plus tard, son histoire a pu être reconstitué grâce aux documents provenant des Archives français.

Ján est arrivé à Tarcenay, près de Besançon, à la fin de l'année 1937. En tant qu'ouvrier saisonnier, il a travaillé dans les champs, mais très peu de temps après, il est tombé gravement malade. En septembre 1938, il a été admis à l'hôpital de Besançon pour une ostéomyélite de la jambe droite. Son état était si grave qu'il y est resté plus de trois ans et demi. Selon les enregistrements de l'hôpital, il est sorti en avril 1942. Il est très difficile de s'imaginer dans sa situation : seul dans un pays étranger, sans argent, avec des vêtements usés, en pleine guerre. Les étapes suivantes de son parcours demeurent en mystère, n'étant documentées qu'un an plus tard dans le village de Frasne-le-Château, près de Besançon, où il a demandé une carte d'identité étrangère. Un autre témoignage de sa présence remonte à 1944 à Fleury-lès-Faverny, près de Vesoul, où son nom apparaît dans le registre des étrangers résidant dans la localité. Il s'est ensuite dirigé vers le nord, en direction de la ville de Nancy, où, lors du recensement de 1946, il résidait chez une veuve, en tant que locataire, dans le petit village de Bainville-sur-Madon. Pendant cette période, il a envoyé de nombreuses lettres à sa famille, ce qui indiquait une vie de plus en plus stable. Il a été berger, a voyagé et a même envisagé à acheter une maison, mais pour des raisons inexplicables, cela ne s'est pas concrétisé. Dans les années 1950, il s'est installé à Seichamps et a cessé toute communication avec sa famille. Il y a vécu jusqu'à sa mort en 1997, dans une maison modeste partagée avec une famille qui lui a remplacé la sienne. Ján vivait au rez-de-chaussée, alors qu'au premier étage résidaient une veuve polonaise et ses deux fils. Il repose désormais dans le même tombeau qu'un membre de cette famille, dans le cimetière du village.